Milan San Remo : le récit d'un coureur cycliste

Milan San Remo, « la Classissima Primavera », c’est déjà demain ! La première grande classique de la saison, celle qui nous fait tous rêver, nous, fan de cyclisme. C’est sans doute, dans la saison des classiques, la plus réputée, derrière bien sûr, le géant Paris-Roubaix. Milan-San Remo, la seule course d’un jour, qui, prend son départ en Hiver et arrive au Printemps. Comme vous le savez, c’est près de 300 kms que les coureurs doivent affronter avant la somptueuse arrivée sur la Via Roma ! A l’instar du Tour de France, cette classique a été créée par un journal… Et quel journal aurait pu selon vous créer ce somptueux événement ? La Gazzetta dello sport bien sûr !

Autre anecdote, vous n’imaginez certainement pas Milan San Remo sans le fameux Poggio ou même sans la Cipressa ?! Eh bien sachez que le parcours de départ n’empruntait ni l’un ni l’autre jusqu’en 1960. La Cipressa, elle a été ajouté en 1982 pour finir de pimenter la course !

Après un rappel historique, nous allons entrer dans les coulisses de la Classissima Primavera, Geoffroy Lequatre y a participé en 2010, pour la première fois de sa carrière ! Décidément, les premières fois de Geoffroy lui réussissent plutôt bien !

Retrouvez ici le récit de Geoffroy :

MON 1er, ET MEILLEUR MILAN-SAN REMO

Pour la saison 2010, et, suite à deux saisons passées au sein de la formation Agritubel et ma victoire au tour d’Angleterre, j’intègre l’équipe RADIOSHACK, crée par Lance Armstrong après son comeback en 2009 ! Le début de saison s’annonce sans stress dans cette nouvelle équipe ! Au programme, stage de préparation aux Etats-Unis en Espagne. En ce qui concerne les compétitions, le tour de Sardaigne pour commencer, suivi de la Classic a Olbia et Paris Nice pour une préparation idéale en vue de la première grande Classique ! Milan-San Remo !

La forme est là, je sens que ma préparation pour San Remo, cette course si spéciale pour tous les chasseurs de classiques, a été vraiment bonne. Pour moi, la « Classissima di Primavera » est sans doute, la plus « sexy » du calendrier… c’est celle qui m’intrigue et me fascine le plus ! Je suis donc forcément motivé comme un cadet. De plus, ce sera ma première participation à Milan-San Remo, j’ai loupé malheureusement trop de fois le départ de cette première classique de la saison !

En ce qui concerne l’équipe, elle sera créée autour de Lance Armstrong. C’est lui, alors, alors qu’il vient de créer l’équipe, qui doit driver ses coéquipiers en même temps que l’équipe au sens large… challenge à double échelon ! seulement, dans le vélo, tout ne se passe pas comme prévu, et, la veille de la course,

Alain Gallopin me dit «Lance ne sera pas de la partie finalement, il est malade ».  Milan San Remo se fera donc sans notre leader.

 

MILAN-SAN REMO 2010, ENFIN !

En 2010, c’est enfin la bonne année pour moi !

5h30 réveil ! Petit déjeuné au petit jour et déjà la pression monte !

Le Transfer en bus dans le centre ville de Milan se fait sous une petite pluie fine, le temps s’annonce mauvais dans la plaine du Po. Le départ se fait a 9h30, nous sommes couverts jusqu’ aux oreilles !

La tradition se veut que tu roules dans les rues de Milan agrémentés de ses rails de trame dans tous les sens ! Déjà les premières chutes, avant même le départ officiel de la course, restons concentré! Le départ est enfin donné, et comme a son habitude sur San Remo, des baroudeurs prennent le large sur cette 1ére partie de course ! Mis à part la bagarre des baroudeurs, rien de bien intéressant à vous raconter dans cette première partie si ce n’est que la météo se dégrade fortement. A ce moment, rien ne doit être laissé au hasard, veste de pluie, couvre chaussures, gants, toute la panoplie est de sortie afin de se protéger au mieux et se préserver en vue de la fin de course ! Milan-San Remo, c’est aussi ça… savoir s’équiper pour rester au chaud et garder un maximum de forces avant l’arrivée !

Le col de Turchino

Le rythme s’accélère à l’approche du col de Turchino. Le fameux col de Turchino à 591m, qui est à gravir afin de basculer vers la méditerranée ! Pas bien haut mais quand la météo est odieuse, il se peut qu’il neige, et la difficulté augmente… Les équipes se mettent en formation afin de basculer dans les premières places en haut pour ensuite, attaquer la descente dans les meilleures conditions. Nous sommes à l’approche du Tunnel qui va libérer les 190 furieux dans une descente à tombeaux ouverts. Je suis en 15-20ème position.

Nous sommes prévenus, l’espace d’une seconde la transition entre jour et obscurité doit nous surprendre. Seulement la lumière du tunnel est en panne ! C’est le noir total dans le tunnel du Turchino !  Et là…pendant deux secondes, un silence accablant se fait ressentir, puis, un bruit assourdissant de vélo et de coureur s’encastrant les uns dans les autres ! Nous avons à faire à une chute collective en tête du peloton. Je cherche mon vélo dans le noir. Après 20 secondes j’attrape un vélo avec un compteur sur la potence, touche la selle et me dis « c’est bien la mienne ». A tout allure je saute sur le vélo afin de repartir et d’entamer une descente aussi rapide que possible et recoller à des groupes. Cette chute a morcelé le peloton.

 

LE COTÉ LIGURE

Désormais la course est bien lancée il reste 150 kms !  Je suis dans le 4 ème groupe, nous chassons pour rentrer sur les groupes qui nous précèdent, tous les coureurs sont désormais coéquipiers, le seul objectif pour chacun d’entre nous c’est de retrouver la tête de course ! Mais il y a tellement de groupe que chacun un nous paraît être le premier… Les kms défilent à toute allure, nous attaquons la Manie (cote de 6km qui avait été rajoutée afin de dynamiser la course), nous reprenons des individualités, des petits groupes.

Au dernier des ravitaillements nous rattrapons un groupe assez conséquent, “ je demande à l’un de mes coéquipiers Sébastien Rosseler « où sommes-nous ? C’est la tête de course ? » Il me dit “ oui c est le premier peloton, il y a juste les échappées à quelques minutes devant ! ”

À l’abord des deux dernières difficultés

Enfin… c’est le vrai début de course pour moi. Il reste 60 kms avec la Cipressa et le Poggio comme les deux juges de paix et bosses mythiques qui ont fait la renommer de San Remo !

Mon état d’esprit n’est plus le même, je suis désormais en mode requin ! Je ne lâcherais plus rien jusqu’à l’arrivée. Je commence alors à me ravitailler correctement. Etonnement je me sens de mieux en mieux, plus les kms défilent et plus je crois en mes chances. C’est une journée à ne pas manquer dans une carrière, il faut donc courir juste.

A l’approche de la Cipressa je suis confiant.  Des attaques s’enchainent, je suis bien, grand plateau tout en fluidité.  Nous basculons la Cipressa, le peloton explose et nous ne sommes plus qu’une trentaine devant. Comme tous les coureurs qui restent j’attends avec impatience le Poggio qui va finaliser la journée et départager les plus costauds avant un sprint certain.

Enfin le Poggio, on tourne à droite ! Le rythme est incroyable, ça monte plein gaz ! je suis bien, et maintenant j’en suis sûr, je peux faire quelque chose !

Des attaques se suivent de nouveau ; Rogers, Gilbert… Finalement le groupe explose mais se reconstruit dans la descente. Nous sommes alors un groupe de 25 -30 coureurs se présentant pour un sprint massif.

Une arrivée difficile

Alors qu’il ne reste qu’un kilomètre, je perds en lucidité… je ne me bouscule pas… Là où je me plais à me placer et frotter d’habitude, je suis impuissant. Les 300 kms pèsent à présent sur mon organisme et je ne suis plus en mesure de me placer pour aller chercher ce résultat tant attendu. Oscar Freire s’impose alors que je termine à la 14 ème place de mon Milan-San Remo.

Je suis content de ma forme et de cette course folle, mais déçu d’avoir débranché mentalement à 1km de l’arrivée après 290 kms parcouru…. Le top 10 était largement possible !

Milan-San Remo est un mythe qu’il faut vivre au moins une fois dans sa carrière de cycliste professionnel. Quelle sensation de liberté et de bien être après 7h d’effort et de stress, un sentiment de plénitude du a l’adrénaline!

Mes favoris pour demain !

Impossible de parler de Milan-San Remo sans vous donner mes pronostiques à 24 heures de l’arrivée sur la Via Roma !

  • Ultras favoris : Julian Alaphilippe, Peter Sagan, Matteo Trentin, Oliver Naesen… évidemment, je suis un peu chauvin donc je préférerai voir Julian le ver les bras !
  • Les Outsiders : Magnus Cort Nielsen, Sam Benett, Greg Van Avermaet ou encore Elia Viviani
  • Ils ont une chance : Caleb Ewan, Alejandro Valrverde, Niki Terpstra, Gianni Moscon, Fernando Gaviria

Bon Milan San Remo à tous ! En espérant vous avoir fait vivre ma course comme si vous y étiez !

G4 Dimension

Crédit photo : Dicodusport
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